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LA

FÊTE DE SAINT ROGH

A BINGEN.

(16 AOUT 1814)

Sur les langues collines du Rhin,
Dans ces campagnes bénies,
Ces prairies qui se mirent dans le fleuve,
Ces paysages que le pampre décore.
Puissiez-vous, avec les ailes de la pensée,
Accompagner l’ami fidèle !

Des amis, réunis en société aux eaux de Wiesbaden depuis quelques semaines, éprouvèrent un jour une certaine inquiétude, qu’ils voulurent apaiser en exécutant un projet formé depuis longtemps. Il était plus de midi ; cependant ils commandèrent sur-le-champ une voiture pour se rendre dans l’agréable Rheingau. De la hauteur au delà de Bieberich, on contempla la magnilique et large vallée du fleuve, avec toutes les habitations semées dans ces fertiles campagnes. La vue n’était pourtant pas aussi belle que je l’avais souvent admirée de bon matin, quand le soleil levant éclairait les faîtes et les pignons d’innombrables édifices, grands et petits, au bord du fleuve et sur les hauteurs. Dans le dernier lointain brillait surtout le cloître de Johannisberg ; quelques points lumineux étaient dispersés en deçà et au delà du fleuve.

Pour nous apprendre d’abord que nous entrions dans une pieuse contrée, un mouleur en plâtre italien s’offrit à nous devant Mosbach, tenant hardiment en équilibre sur sa tête sa planche bien chargée. Les images qu’elle balançait n’étaient point de celles qu’on rencontre dans nos contrées septentrio-