Aller au contenu

Page:Goethe - Œuvres, trad. Porchat, tome X.djvu/230

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

en pareil cas, procéder partout avec de pareils ménagements !

Cependant la presse nous envahit ; mille et mille figures se disputent notre attention. Ces populations ne sont pas trèsdiversement vêtues, mais leurs traits sont extrêmement variés. Au reste, le tumulte ne permet aucune comparaison ; on chercherait vainement d.es caractères généraux dans cette confusion d’un moment ; on perd le fil de la réflexion ; on se laisse entraîner dans la vie.

Une rangée de boutiques, comme les demande une consécration d’église, se voit non loin de la chapelle. On étale sur le devant des cierges blancs, jaunes, bariolés, proportionnés aux divers moyens des consacrants. Voici des livres de prières, l’office en l’honneur du saint fêté. Nous demandâmes inutilement une notice, où nous aurions trouvé avec intérêt sa vie, ses mérites et ses souffrances ; en revanche on trouvait assez de chapelets de toute espèce. On n’avait pas oublié non plus les petits pains, les pains d’épices, les pâtisseries de toute sorte, non plus que les joujoux et les bijoux, pour attirer les enfants de tout âge.

Les processions continuaient. Les villages se distinguaient des villages. Le coup d’œil eût offert des résultats à un observateur tranquille. On pourrait dire en général que les enfants étaient beaux, mais non la jeunesse ; les figures des personnes âgées étaient fort creuses. On voyait assez de vieillards. Ils s’avançaient en chantant des antiennes ; les bannières flottaient, les étendards se balançaient ; de grands cierges, et puis de plus grands, se dressaient de procession en procession.

Chaque commune a sa Mère de Dieu, portée par les enfants et les vierges, habillée de neuf, richement parée de rubans roses qui flottaient au vent. Un enfant Jésus, gracieux, unique, portait une grande croix, et regardait en souriant l’instrunient de son martyre. « Ah ! s’écria un spectateur attendri, n’est-ce pas l’image de tout enfant qui porte sur la vie un joyeux regard ? » On l’avait habillé de drap d’or, et il paraissait comme un gracieux et joli prince de la jeunesse.

Un grand mouvement annonce enfin la principale procession, la procession de Bingen. On court à sa rencontre sur le sommet