Page:Goethe - Œuvres, trad. Porchat, tome X.djvu/253

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une esquisse de toutes les scènes ; des artistes obligeants dessinèrent des masques caractéristiques : avec ces matériaux je fis ma Description d i Carnaval de Rome, qui, ayant été bien accueillie, engagea des hommes d’esprit à exposer clairement et purement dans leurs voyages les traits caractéristiques des populations et des mœurs. Je me bornerai à citer pour exemple un homme plein de talent, mort à la fleur de l’âge, Frédéric Schoulz, qui nous a laissé la description d’une diète polonaise.

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Je me hâtai de renouer mes anciennes relations avec l’université d’Iéna, qui avait encouragé et favorisé mes études scientifiques. Arranger, augmenter les musées de cette ville, avec le concours d’hommes spéciaux du plus grand mérite, les mettre et les maintenir en ordre, fut pour moi une occupation aussi agréable qu’instructive, et l’observation de la nature, l’étude d’une vaste science, me dédommagèrent en quelque mesure de l’absence des arts.

Un intérieur agréable m’inspira le goût d’écrire les Élégies romaines. Les Épigrammes vénitiennes les suivirent de près. Je profitai beaucoup pendant un séjour prolongé que je fis dans cette merveilleuse cité, d’abord en attendant que la duchesse Amélie revînt de Rome, ensuite avec cette princesse, qui animait tout son entourage, au dehors comme chez elle. Je passai en revue, d’une manière historique, d’abord seul, puis avec mes amis de Rome, Henri Meyer et Bury, l’inestimable école vénitienne.

A peine de retour à la maison, je fus appelé en Silésie, où deux grandes puissances prirent une position militaire pour appuyer le congrès de Reichenbach. Les cantonnements donnèrent naissance à quelques épigrammes, qui sont éparses dans mes poésies. Mais, à Breslau, où brillait une cour militaire et en même temps la noblesse d’une des premières provinces du royaume, où l’on voyait sans cesse marcher et manœuvrer les plus beaux régiments, je m’occupai sans relâche d’anatomie comparée, en sorte qu’au milieu du monde le plus animé, je vivais comme un ermite, concentré en moi-même.