Page:Goethe - Œuvres, trad. Porchat, tome X.djvu/272

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les aujourd’hui. Comme j’étudiais l’histoire des arts de Florence, Cellini dut fixer mon attention, et je pris volontiers la résolution de traduire son autobiographie, d’autant qu’il pouvait convenir à Schiller de l’insérer dans les Heures.

Je ne négligeai pas non plus les sciences naturelles. Je trouvai pendant l’été la plus belle occasion d’élever des plantes sous des verres colorés et dans l’obscurité complète, et de poursuivre dans leurs particularités les métamorphoses des insectes. Le galvanisme et le chimisme réclamaient mon attention. Au milieu de tout cela, je m’occupai aussi de la chromatique, et, pour m’assurer le grand avantage de me rendre les choses présentes, il se trouva une noble société qui se plaisait à m’entendre exposer ces matières.

Au dehors, la Saxe électorale persiste dans son attachement à l’Empereur et à l’Empire ; elle veut, dans cette pensée, faire marcher son contingent. Le nôtre aussi se prépare. Les dépenses sont un sujet de souci. La princesse Marie-Thérèse-Charlotte, fille de Louis XVI, restée jusqu’alors dans les mains des républicains, est échangée contre des généraux français prisonniers, en même temps que le pape achète bien cher un armistice. Les Autrichiens reculent et repassent la Lahn, et, à l’approche des Français, ils se maintiennent en possession de Francfort. La ville fut bombardée, la rue des Juifs en partie brûlée, mais il y eut d’ailleurs peu de mal. La place fut aussitôt rendue. Ma bonne mère, dans son beau logement neuf, près de la grand’-* garde, avait justement devant les yeux la partie menacée et endommagée. Elle met ses meubles à l’abri dans une cave à l’épreuve du feu ; elle se retire à Offenbach par le pont du Mein, demeuré libre. Sa lettre à ce sujet mériterait d’être citée. L’électeur de Mayence se réfugie à Heilingenstadt. La retraite du landgrave de Darmstadt reste quelque temps inconnue. Plusieurs habitants de Francfort prennent la fuite, ma mère demeure. Nous vivons dans une stupeur inquiète. Les alarmes et la fuite continuent sur les rives du Rhin et du Mein : cependant l’espérance se confirme peu à peu qu’on n’a rien à craindre pour le moment.

Entraînée par la Prusse, la Saxe adhère à la neutralité ; mais à peine semblons-nous tranquillisés par cette précaution, que