Page:Goethe - Œuvres, trad. Porchat, tome X.djvu/297

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fondait alors de nouvelles et que d’autres étaient particulièrement favorisées, les séductions et les appels ne manquaient pas dans des centres où l’on pouvait se promettre de meilleurs honoraires, un rang plus élevé, une plus grande influence, dans un cercle plus étendu. Christian-Wilhelm Houfeland, le célèbre médecin, fut appelé à Berlin ; Fichte, qui s’exprimait toujours sur Dieu et les choses divines d’une manière qui choquait les anciens usages, fut menacé d’une réprimande et offrit fièrement sa démission, qui dut être acceptée. Sa retraite n’entraîna pas, comme il nous l’avait annoncé, celle d’autres professeurs ; les choses restèrent dans le même état ; mais un secret mécontentement s’était emparé de tous les esprits ; on cherchait sans bruit d’autres positions ; Houfeland, le juriste, passa à Ingolstadt, Paulus et Schelling furent appelés à Wurzbourg.

Bientôt nous fûmes informés que la Gazette littéraire, si estimée, serait transportée à Halle, résolution très-grave, et qui menaçait l’existence même de notre université. Nous décidâmes alors de la continuer nous-mêmes, et le succès justifia cette résolution hardie.

Des hommes de mérite furent appelés pour remplir les chaires devenues vacantes ; l’anatomiste Ackermann, le botaniste Schelver, furent de précieuses acquisitions. Une société de minéralogie, fondée par Lenz, reçut de notables accroissements. Le prince Gallitzin, nommé président, lui céda, en reconnaissance de cet honneur, sa collection particulière. Le duc lui donna une existence publique. Fernow nous arriva de Rome, et fut nommé bibliothécaire de la duchesse Amélie. Sa connaissance profonde de la littérature italienne nous le rendait trèsprécieux. Il apportait d’ailleurs avec lui un trésor, les cartons de son ami Carstens, mort à la fleur de l’âge. Le docteur Riemer, qui avait visité l’Italie avec MM. de Humboldt, en était revenu avec Fernow, et il forma avec nous une intime relation ; il logea chez moi et voua ses soins à mon fils.

Je me liai aussi plus particulièrement avec Zelter, qui passa quinze jours à Weimar. Zelter se trouvait dans une singulière situation, entre un métier héréditaire, qu’il exerçait avec avantage dès sa jeunesse, et un amour irrésistible de l’art musical.