Page:Goethe - Œuvres, trad. Porchat, tome X.djvu/372

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et indubitable qu’on avait recueilli bien des choses de la bouche du héros. L’Histoire primitive d’Allemagne de Bark n’entrait pas dans nos études du temps, mais le Lundi de Pentecôte du professeur Arnold de Strasbourg fut au contraire une apparition pleine de charme. On éprouve un sentiment très-doux, quoique assez indéfinissable, quand une nation se reflète dans les particularités de ses membres, car c’est seulement dans le particulier qu’on se reconnaît des parents ; dans le général, on ne retrouve toujours que la descendance d’Adam. Cette comédie m’occupa beaucoup, et j’exprimai sincèrement et en détail le plaisir qu’elle m’avait fait.

Depuis quarante ans que je parcourais la Thuringe à pied, à cheval, en voiture, je n’avais jamais visité la Paulinzelle (cellule de Paulin). Ce n’était pas encore la mode de regarder comme très-intéressantes et très-respectables ces ruines ecclésiastiques. Enfin on m’en parla tant, la jeunesse voyageuse et celle du pays me vantèrent si fort cet aspect grandiose, que je résolus de passer là dans la solitude mon jour de naissance, que j’aimais toujours à solenniser dans la retraite. Une trèsbelle journée favorisa mon entreprise, mais l’amitié me préparait une fête inattendue. Le grand maître des eaux et forêts, M. de Fritsch, s’était entendu avec mon lils pour nous faire servir d’Ilmenau un charmant repas, si bien que nous pûmes contempler dans un joyeux loisir ce vieux bâtiment, déblayé par le gouvernement de Schwarzbourg Roudolstadt.

Les étudiants allemands célébrèrent à léna une fête générale le 18 juin, et une plus grande encore à la Wartbourg le 18 octobre. Le jubilé de la réformation pâlit en présence de ces manifestations plus vivantes et plus nouvelles. Des hommes courageux avaient fait, trois siècles auparavant, une grande entreprise, maintenant lenrs exploits paraissaient vieillis, et l’on attendait tout autre chose des nouvelles entreprises secrètes et publiques.

Un nombre considérable de jeunes Grecs, qui étudiaient à léna et à Leipzig, exercèrent sur moi et pour longtemps une action toute particulière. Le désir de s’approprier la culture allemande était chez eux extrêmement vif, comme celui de consacrer leurs nouveaux talents à la culture et au bien de leur patrie. Seulement, il fallait reconnaître qu’en ce qui concernait