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DISCOURS

EN MÉMOIRE BU NOBLE POETE WIELAND,

NOTRE AMI, NOTRE FRÈRE,

PRONONCfi LE 18 FÉVRIER 1813.

Auguste protecteur, respectables maîtres, honorables assistants ! Quoiqu’il ne convienne absolument à personne de s’opposer aux anciens et respectables usages, et de changer par caprice ce qu’il a plu à nos ancêtres d’établir, cependant, si j’avais à mon commandement la baguette magique que la Muse avait confiée à notre défunt ami, je changerais soudain tout ce lugubre appareil en appareil de fête ; ces sombres couleurs s’éclairciraient à vos yeux, et vous verriez paraître une salle joyeusement décorée de tentures variées et de riantes couronnes, brillantes et gaies comme la vie dp notre ami. Les créations de son imagination fleurie attireraient vos yeux, vos esprits ; l’Olympe, avec ses dieux, introduit par les Muses, orné par les Grâces, serait le vivant témoignage que celui qui a vécu dans un entourage si serein, et qui a pris congé de nous avec la même sérénité, doit être compté au nombre des hommes les plus heureux, et ne doit pas être inhumé avec des lamentations, mais avec l’expression de la joie et de l’allégresse.

Ce que je ne puis présenter à vos sens, souffrez du moins que je l’expose à votre pensée ! Quatre-vingts ans ! Que de choses*en quelques syllabes !… Qui de nous osera les passer rapidement en revue, et se représenter ce que supposent tant d’années bien remplies ? Qui de nous voudrait affirmer qu’il sait mesurer et