Page:Goethe - Œuvres, trad. Porchat, tome X.djvu/418

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discours, mes discours que mes écrits, mes écrits que mes livres.

Par ces propos bienveillants et même flatteurs, ils ne faisaient pourtant rien de bon : car ils ne faisaient qu’augmenter chez moi le mépris du moment, ce qui était déjà ma disposition dominante, et je contractai l’habitude invincible de négliger ce que j’avais dit et écrit, et de laisser avec indifférence se perdre bien des choses qui auraient mérité d’être conservées.

J’avais le sentiment que je poursuivais de grands et de nobles desseins, mais je ne pouvais jamais comprendre les conditions sous lesquelles j’agissais. Ce qui me manquait, je le voyais bien, tout comme ce qui surabondait : c’est pourquoi je ne cessais pas de me cultiver au dehors et au dedans. Et pourtant c’était toujours la même affaire. Je poursuivais toujours mon but avec ardeur et fidélité. Il m’arrivait souvent de surmonter complétement des obstacles, mais souvent aussi je me brisais contre eux, parce que je ne pouvais apprendre à céder, à faire un détour. Ainsi s’écoulait ma vie entre l’action et la jouissance, la souffrance et la lutte, entre l’amour, la satisfaction, la haine et le mécontentement d’autrui. Que celui-là se reconnaisse dans cette peinture, à qui est échu le même sort.

PROPOSITION AMIABLE.

On a publié un volume in-octavo intitulé : Goethe, selon les témoignages bienveillants des contemporains. Je conseillerais maintenant d’y faire une contre-partie : Goethe, selon les témoignai/es malveillants des contemporains.

Ce travail serait facile pour mes adversaires, et il serait instructif. Il procurerait aussi un bénéfice assuré à un de ces éditeurs qui trouvent au gain, d’où qu’il vienne, une bonne odeur.

Ce qui me détermine à faire cette proposition, c’est que,