Page:Goethe - Œuvres, trad. Porchat, tome X.djvu/457

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

profita de cet intervalle pour mettre en ordre les dessins, les gravures, les écrits, qui se rapportaient soit à la Cène de Léonard de Vinci, soit à ses autres ouvrages. La bonne fortune fit parvenir dans ses mains une collection de dessins à la plume, qui venait du cardinal César Monti, et qui renfermait, parmi d’autres trésors, des choses excellentes de Léonard lui-même. Bossi étudia aussi les écrivains contemporains de ce maître, pour mettre à profit leurs avis et leurs vœux ; enfin il porta de tous côtés ses regards sur ce qui pouvait lui être avantageux. C’est ainsi qu’il utilisa son état maladif et qu’ayant-enfin recouvré ses forces, il put se remettre à l’ouvrage.

Tous les artistes, tous les amateurs, voudront lire comment il a procédé dans le détail, comment il a approfondi les caractères des physionomies, leur expression et jusqu’aux mouvements des mains, comment il les a reproduits. Il considère également les ustensiles de table, la chambre, le fond, et montre qu’il ne s’est décidé sur aucune partie sans les plus fortes raisons. Quelle peine ne se donne-t-il pas pour placer régulièrement les pieds sous la table, cette partie de l’œuvre étant depuis longtemps détruite dans l’original et négligemment traitée dans les copies !

Jusqu’ici nous avons donné une idée générale de l’ouvrage du chevalier Bossi ; nous l’avons traduit et abrégé dans le détail ; nous avons accueilli son exposé avec reconnaissance ; nous avons partagé sa conviction, admis son opinion, et, quand nous y avons intercalé quelque chose, nous l’avons fait d’accord avec ce qu’il avance. Mais, à présent qu’il est question des principes qu’il a suivis dans l’exécution de sa copie, de la voie qu’il a prise, nous sommes amenés à nous éloigner un peu de lui. .Nous trouvons aussi qu’il a essuyé bien des attaques, que ses adversaires l’ont traité durement, que ses amis eux-mêmes se sont écartés de lui, et cela nous conduit du moins à douter si nous devons tout approuver ce qu’il a fait. Néanmoins comme il n’est plus de ce monde, qu’il ne peut plus se défendre, plus soutenir ses raisons, c’est noire devoir de le justifier ou du moins de l’excuser autant que possible, en rejetant sur les cir-