Page:Goethe - Œuvres, trad. Porchat, tome X.djvu/472

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L’AVOCAT.

Fort bien !

LE SPECTATEUR.

Vous dites que c’est seulement à l’homme sans culture qu’une reuvre d’art paraîtra une œuvre naturelle ?

L’AVOCAT.

Certainement. Rappelez-vous les oiseaux qui volaient aux cerises du grand artiste.

LE SPECTATEUR."

Cela ne prouve-t-il pas que ces fruits étaient peints excellemment ?

L’AVOCAT.

Point du tout, cela prouve que ces amateurs étaient de vrais moineaux.

LE SPECTATEUR.

Je ne puis m’empêcher de juger un pareil tableau excellent.

L’AVOCAT.

Vous conterai-je une histoire moderne ?

LE SPECTATEUR.

En général, j’écoute les histoires plus volontiers que les raisonnements.

L’AVOCAT.

Un grand naturaliste possédait parmi ses animaux domestiques un singe, qui disparut un jour et qu’après de longues recherches, il trouva dans sa bibliothèque. L’animal était assis par terre et avait dispersé autour de lui les gravures d’un ouvrage d’histoire naturelle qui n’était pas relié. Ëtonné de ce zèle studieux chez son familier, le maître s’approcha et fut bien surpris et bien affligé de voir que le singe friand avait enlevé et dévoré tous les scarabées qu’il avait vus çà et là représentés.

LE SPECTATEUR.

L’histoire est assez drôle.

L’AVOCAT.

Et j’espère qu’elle vient à propos. Vous ne mettrez pas cependant ces planches enluminées à côté du tableau d’un grand arliste.

LE SPECTATEUR.

Ce serait difficile.