Page:Goethe - Œuvres, trad. Porchat, tome X.djvu/486

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passé dans ses relations les plus vraies ; il se représenta le lointain, et saisit heureusement l’idée enfantine que les premières nations policées se faisaient, dans leur imagination bornée, de leur grand domicile, la terre, du ciel courbé sur elle en voûte, du Tartare caché ; il vit comme ces nations peuplaient ces espaces de dieux, de demi-dieux et de merveilleuses figures ; comme ils assignaient h chacun une place pour sa demeure, un sentier pour sa marche ; puis, attentif aux progrès de l’esprit humain, qui ne cessait pas d’observer, de conclure, d’inventer, l’investigateur laissa se développer par degrés et s’élever de ses premiers germes l’idée complète que les modernes ont acquise de la terre et de l’univers comme de ses habitants. Personne n’ignore plus combien la fable et l’histoire en ont profité, et son mérite paraîtra toujours plus éclatant à mesure qu’on agira de tous côtés en suivant cette méthode, et qu’on ordonnera, qu’on exposera ce qu’on aura recueilli.

C’est ainsi qu’il s’assura le glorieux privilége de s’attacher au barde antique 1, de recevoir de lui la consécration poétique, de l’accompagner dans ses pèlerinages, pour revenir, affermi et fortifié, parmi ses compatriotes. Ainsi, avec une inaltérable individualité, il sut apprécier le caractère individuel de chaque siècle, de chaque peuple, de chaque poète, et il nous a transmis, d’une main exercée et savante, les anciens poètes, de telle sorte que les nations étrangères seront désormais obligées d’estimer hautement la langue allemande, comme intermédiaire entre les temps anciens et les temps modernes.

POÉSIES ALEMANIQUES.

PAR J.-P. HÉREL. (1804.)

L’auteur de ces poésies, écrites dans un dialecte de la HauteAllemagne, se ménage une place particulière sur le Parnasse allemand. Son talent se porte de deux côtés opposés. D’une


1, Homère, qu’il a traduit vers pour vers en hexamètres.