Page:Goethe - Hermann et Dorothée, 1886, trad. Boré.djvu/37

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plissent, car, c’est seulement dans l’infortune qu’on reconnaît la main de Dieu, qui mène les bonnes âmes aux bonnes actions. Le bien qu’il nous fait par votre entremise, je le prie de vous le rendre à vous-même. »

Et je voyais l’accouchée manier et tâter joyeusement les diverses pièces de linge, mais surtout la moelleuse flanelle de la robe de chambre.

« Hâtons-nous, lui dit alors la jeune fille, de gagner le village, où déjà ceux de notre commune font halte et doivent passer la nuit. Là, aussitôt arrivée, je préparerai les langes de l’enfant, j’arrangerai, je disposerai chaque chose. »

Elle me salua de nouveau, m’exprima le plus cordial remerciement, puis elle piqua les bœufs, et la charrette se remit en marche.

Moi, je restais à cette place, retenant mes chevaux, car, j’hésitais si je devais atteindre rapidement le village, et partager les provisions entre les fugitifs, ou s’il valait mieux tout confier à la jeune fille, afin qu’elle fit elle-même une intelligente distribution. Mon cœur, en un instant, se décida. Conduisant aussitôt les chevaux vivement sur ses traces, et n’ayant guère tardé à la rejoindre, je m’empressai de lui dire :

« Bonne jeune fille, ce n’est pas seulement du linge que ma mère a empaqueté, dans les caissons de la voiture, pour ceux qui en sont privés, elle y