Page:Goethe - Hermann et Dorothée, 1886, trad. Boré.djvu/42

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baiser. Mais aussitôt après tu me dis ces tendres et graves paroles : Vois, la maison est renversée ! demeure ici et aide-moi à la rebâtir ; j’aiderai en retour ton père à reconstruire la sienne. Mais je ne te compris point jusqu’au moment où ta mère envoyée par toi, vint trouver mes parents. Alors fut bientôt conclue la solennelle promesse des noces joyeuses. Il y a encore aujourd’hui, pour moi, plaisir à me rappeler les poutres à demi-consumées, le soleil se levant si splendide, car, c’est le jour qui m’a donné un époux ; ce sont les premiers temps d’une sombre destruction qui m’ont donné le fils de ma jeunesse. Et voilà pourquoi je te félicite, mon Hermann, de penser aussi au mariage, avec une candide confiance, dans ces temps douloureux ; j’aime à te voir faire la recherche d’une fiancée au milieu de la guerre et des ruines. »

Le père, vivement ému, répandit :

« Ces sentiments sont louables ; elle est vraie aussi, petite mère, l’histoire que tu viens de raconter ; tout s’est en effet passé de la sorte ; mais le mieux est le mieux. Ce n’est pas le lot de chacun d’avoir à commencer par les fondements, sa vie et sa fortune ; chacun n’est pas obligé de se tourmenter comme nous avons fait, nous et bien d’autres. Heureux celui à qui son père et sa mère transmettent une maison bien établie, dont il n’a plus qu’à développer, comme un ornement, la