Page:Goethe - Hermann et Dorothée, 1886, trad. Boré.djvu/44

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répète, cher Hermann, tu comblerais de joie ma vieillesse, si tu me présentais bientôt une petite bru amenée du voisinage, de cette maison verte, là-bas. Le père est riche, sans aucun doute : son commerce de détail et ses fabriques accroissent de jour en jour sa fortune, car, sur quoi ne gagne pas le négociant ? Il a eu seulement trois filles ; elles seront seules à partager le bien. L’aînée, je le sais, est promise ; mais la deuxième et la troisième attendent encore (pas pour longtemps peut-être) un fiancé. Je n’aurais point tardé à ta place jusqu’aujourd’hui ; je serais allé déjà prendre l’une d’elles, comme j’ai pris autrefois et apporté ici la petite mère. »

Le fils répondit modestement à ces instances paternelles :

« Ma volonté, je vous l’assure, était, comme la vôtre, de choisir l’une des filles de notre voisin. Nous avons été élevés ensemble ; nous jouions ensemble sur la place du marché, près de la fontaine, et souvent je les protégeai contre la pétulance des petits garçons. Mais il y a longtemps de cela : ces jeunes filles, qui grandissaient, durent enfin, selon les convenances, fuir les jeux turbulents et rester à la maison. Pour bien élevées, elles le sont certainement. J’allais encore chez elles, de temps à autre, suivant votre désir, en qualité d’ancienne connaissance ; mais je n’ai jamais pu trou-