Page:Goethe - Hermann et Dorothée, 1886, trad. Boré.djvu/46

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fini, et quels étaient les deux personnages. Toutes souriaient et se taisaient. Le père me dit: « N’est-ce pas, l’ami ne connaît qu’Adam et Ève ? » Alors personne ne put davantage se contenir ; les jeunes filles éclatèrent, les jeunes gens de même ; le vieux, près de se pâmer, se tenait le ventre. Je laissai, dans mon embarras, tomber à terre mon chapeau ; les ricanements se prolongèrent, tant que jouèrent ou chantèrent les jeunes filles. Enfin, humilié et irrité, je courus à la maison ; je suspendis le nouvel habit dans l’armoire ; j’aplatis mes cheveux avec mes doigts, et je fis le serment de ne plus jamais franchir le seuil de cette demeure. Or, j’avais bien raison, car elles sont vaniteuses et insensibles, et je sais qu’à présent encore, chez elles, on ne m’appelle pas autrement que Tamino. »

« Hermann, reprit la mère, tu ne devrais pas être si longtemps irrité contre des enfants, car, vraiment, elles sont encore des enfants, toutes les trois. Mina, je te l’assure, est bonne, et a toujours été bien disposée pour toi. Elle m’a récemment demandé de tes nouvelles. C’est elle que tu devrais choisir. »

Le fils répondit d’un air rêveur : « Je ne sais, mais le chagrin qu’elle m’a causé s’est si profondément imprimé dans mon âme, que je ne pourrais plus, en vérité, la voir assise à son clavecin, et entendre ses chansonnettes. »