Page:Goethe - Hermann et Dorothée, 1886, trad. Boré.djvu/50

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laisser aucun vestige de sa vivante influence. on reconnaît le caractère du maître au premier aspect d’une habitation. De même, il suffit d’entrer dans une petite ville pour juger de l’esprit des autorités, car, là où les tours et les murs tombent en ruines, là où les immondices s’entassent dans les fossés et se répandent dans toutes les rues, là où les pierres détachées des joints ne sont pas raffermies, où les poutres s’affaissent, où la maison attend vainement un étai, l’administration est mauvaise. Quand l’ordre et la propreté ne s’imposent pas d’en haut, comme modèles, le bourgeois s’habitue aisément à une sale négligence, ainsi que le mendiant s’accoutume à ses haillons. Voilà pourquoi je voudrais qu’Hermann se mit à voyager, qu’il visitât, au moins, Strasbourg et Francfort, et cette riante ville de Mannheim, bâtie d’une façon à la fois régulière et grâcieuse. Celui qui a vu les grandes et belles cités, n’aura pas de repos qu’il n’ait contribué à embellir la sienne, si petite qu’elle soit. L’étranger ne paie-t-il pas, chez nous, un tribut d’éloges aux portes de la ville réparées, à l’église restaurée, et qui semble être nouvellement costruite, à la tour que nous avons recrépie ? Chacun ne loue-t-il pas notre pavé, nos canaux couverts où l’eau coule abondamment, si bien distribuée pour nos besoins et pour notre sécurité, de sorte que le feu puisse être combattu dès sa