Page:Goethe - Les Affinités électives, Charpentier, 1844.djvu/215

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

car en venant chez nous elles nous ont, pour ainsi dire, donné le droit de les mesurer d’après nos manières de voir. C’est une censure dont, en pareil cas, les personnes les plus justes ne s’abstiennent que fort rarement. » « Mais lorsqu’on va chez les autres, et que l’on voit leur entourage, les nécessités qui les enchaînent, les obstacles qui les retiennent, les devoirs qu’ils accomplissent et les contrariétés qu’ils supportent, il faudrait être déraisonnable ou malveillant pour s’apercevoir de ce qu’il peut y avoir de mal ou de ridicule chez des personnes respectables sous tant de rapports. »

« Ce que nous appelons la décence et les mœurs, n’est qu’un moyen pour faire arriver les hommes, de bon gré, à des résultats où il ne serait pas même toujours possible de les conduire par la force brutale. »

« La société des femmes est l’élément où se développent les bonnes mœurs. »

« Serait-il possible de faire accorder l’individualité avec le savoir-vivre ? »

« Oui, mais il faudrait pour cela que le savoir-vivre ne fût qu’un moyen pour faire ressortir l’individualité. Malheureusement tout le monde aime et désire les hommes et les choses qui ont de la valeur et de l’importance, mais on ne veut pas en être gêné ou contrarié. »

« La position sociale la plus agréable est celle d’un militaire instruit et bien élevé. »

« Les militaires les plus grossiers savent du moins rester dans leur sphère, et, en cas de besoin, ils sont toujours prêts à se rendre utiles ; car la conscience de la force est inséparable d’une certaine bonté instinctive. »