Page:Goethe - Les Affinités électives, Charpentier, 1844.djvu/230

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celles qui concernent la jeunesse, étaient toujours le but et l’objet. Il parlait trop bien pour ne pas être écouté avec plaisir, et ses discours amenèrent une révolution d’autant plus complète dans la manière d’être à laquelle l’Architecte avait accoutumé les dames, que toutes les distractions que cet artiste leur avait procurées pendant son long séjour au château, étaient entièrement opposées aux opinions de ce digne professeur.

Craignant sans doute de blâmer avec trop d’amertume les tableaux vivants dont il avait vu une représentation au moment de son arrivée, il n’en parlait jamais ; mais il s’expliquait franchement sur les embellissements de l’église et de la chapelle qu’on lui montra dans la certitude qu’il les trouverait dignes d’admiration.

— Je ne connais rien de plus déplacé, de plus dangereux même, dit-il, que le mélange du sacré et du profane, et je blâmerai toujours la manie d’orner et de consacrer telle ou telle enceinte, afin que les fidèles viennent s’y abandonner à des sentiments de piété. Est-ce que ces sentiments ne sont pas gravés dans nos cœurs au point de nous suivre au milieu des objets les plus vulgaires ; des êtres les plus grossiers dont le hasard peut nous entourer ? Oui, dès que nous le voulons sérieusement, chaque point de l’univers devient un temple, un sanctuaire. J’aime à voir les exercices de piété s’accomplir dans la même pièce où la famille se réunit pour manger, travailler, danser. Tout ce qu’il y a de plus grand, de plus sublime dans l’homme, n’a point de formes et ne saurait être représenté que par de grandes et sublimes actions.

Peu de jours avaient suffi à Charlotte pour saisir toutes les nuances d’un caractère que, depuis longtemps,