Page:Goethe - Les Affinités électives, Charpentier, 1844.djvu/257

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us nous bornons à les conserver sans jamais les relire ; souvent même nous les détruisons par une discrétion mal entendue, et le souffle le plus beau et le plus immédiat de la vie se perd ainsi dans le néant pour nous et pour les autres. Je me promets bien de réparer cette faute, puisqu’il en est encore temps pour moi. »

« Le livre des saisons recommence la série de ses contes charmants ; grâces au Ciel, nous voilà revenus à son plus gracieux chapitre : il a pour frontispice et pour vignette les violettes et le muguet qu’on ne retrouve jamais sans plaisir sur les pages de sa vie, que malgré soi on tourne et on retourne périodiquement. »

« C’est à tort que nous accusons les pauvres et surtout les enfants qui mendient à travers la campagne, car ils cherchent à s’occuper utilement dès qu’ils en trouvent la possibilité. A peine la nature ouvre-t-elle une partie de ses riants trésors, que les enfants l’exploitent comme une branche d’industrie qui leur appartient de droit. Ce n’est plus l’aumône qu’ils demandent quand nous les rencontrons dans nos promenades, non, ils nous présentent un bouquet qu’ils se sont donnés la peine de cueillir pour nous, pendant que nous dormions encore ; et le regard qui accompagne ce bouquet quand ils nous le présentent, est suave et gracieux comme lui ; c’est qu’on n’a jamais l’air humble ou craintif quand on se sent le droit d’exiger ce qu’on demande. »

« Pourquoi la durée d’une année nous paraît-elle à la fois si courte et si longue ? Courte en réalité et longue par le souvenir ! C’est ainsi du moins qu’a été pour moi l’année qui vient de s’écouler. En visitant les jardins je sens plus que partout ailleurs jusqu’à quel point le passager et le durable se touchent et se confondent