Page:Goethe - Les Affinités électives, Charpentier, 1844.djvu/278

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’un jeune couple nouvellement marié. Sa position n’avait pas besoin de commentaires, et le mari et la femme firent tout ce qui était en leur pouvoir pour l’aider à secourir sa compagne ; l’un alluma du feu, l’autre débarrassa la jeune fille de ses vêtements mouillés, et l’enveloppa dans des couvertures et des peaux de mouton qu’elle faisait chauffer. Enfin, on ne négligea rien de tout ce que l’on pouvait faire pour ranimer ce beau corps nu et toujours immobile et glacé.

Tant de soins ne restèrent pas sans récompense : la jeune fille ouvrit enfin les yeux, jeta ses beaux bras nus autour du cou de son sauveur et éclata en sanglots. Cette explosion de sensibilité acheva de la sauver. Pressant plus fortement son ami sur sa poitrine, elle lui dit avec exaltation :

— Je t’ai retrouvé une seconde fois, veux-tu encore m’abandonner ?

— Non, non, répondit l’officier qui ne savait plus ce qu’il faisait ni ce qu’il disait ; mais au nom du Ciel, ménage-toi, songe à ta santé, pour toi, pour moi surtout.

En jetant un regard sur elle-même, elle s’aperçut de l’état où elle se trouvait et pria son ami de s’éloigner. Cette prière ne lui avait pas été inspirée uniquement par la pudeur, comment aurait-elle pu avoir honte devant son amant, devant son sauveur ? mais elle voulait lui donner le temps de prendre soin de lui-même et de sécher ses vêtements.

Le costume de noce des jeunes mariés était encore frais et beau, ils s’empressèrent d’en parer leurs hôtes qui, en se revoyant, se regardèrent un instant avec une joyeuse surprise ; puis, entraînés par la violence d’une passion devenue enfin réciproque, ils se précipitèrent