Page:Goethe - Les Affinités électives, Charpentier, 1844.djvu/280

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et au même instant tous deux sortirent des buissons. Leur costume rustique les rendait presque méconnaissables.

Est-ce bien eux ? s’écrièrent les mères.

— Est-ce bien eux ? répétèrent les pères.

— Oui, ce sont vos enfants, répondirent-ils tous deux, en se jetant à genoux.

— Pardonnez-nous, dit la jeune fille.

— Bénissez notre union, ajouta le jeune homme.

— Bénissez notre union, répétèrent-ils tous deux.

Pas une voix ne répondit. Les jeunes gens demandèrent une troisième fois la bénédiction de leurs parents : comment auraient-ils pu la leur refuser ?


Le narrateur se tut, et remarqua avec surprise que Charlotte était en proie à une vive émotion. Craignant de s’y abandonner d’une manière trop visible, elle quitta brusquement le salon.

Le jeune officier, le héros de l’histoire que l’Anglais venait de raconter, n’était autre que le Capitaine. Les traits principaux étaient rigoureusement vrais, les détails seuls avaient subi quelques modifications, ainsi que cela arrive toujours quand un fait qui a déjà passé par plusieurs bouches, est rapporté par un conteur gracieux et spirituel.

Ottilie suivit sa tante, et le Lord put à son tour faire remarquer à son compagnon de voyage que sans doute il avait commis une faute, et réveillé pa