Page:Goethe - Les Affinités électives, Charpentier, 1844.djvu/284

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complaisance à une opération dans laquelle elle ne voyait qu’un jeu insignifiant, ne tarda cependant pas à prier l’Anglais de mettre un terme à ce jeu, parce que son mal de tête venait de la reprendre avec une violence inaccoutumée. Cette dernière circonstance acheva d’enchanter l’Anglais. Dans son enthousiasme il promit à la jeune fille que, si elle voulait avoir confiance au procédé qui pour l’instant venait d’augmenter son mal, il l’en guérirait promptement et pour toujours. Charlotte repoussa cette offre bienveillante avec beaucoup de vivacité, elle avait toujours eu une appréhension instinctive pour cette expérience, et il n’entrait pas dans ses principes de laisser faire aux siens ce qu’elle n’approuvait pas complètement.

Les deux voyageurs venaient d’exécuter leur projet de départ, et les dames, que plus d’une fois ils avaient péniblement affectées, désiraient cependant pouvoir un jour les retrouver dans la société.

Devenue entièrement libre, Charlotte profita de la belle saison pour rendre les nombreuses visites par lesquelles tous ses voisins s’étaient empressés de lui prouver leur intérêt et leur amitié. Le peu d’heures que l’accomplissement de ce devoir lui permettait de passer chez elle, était consacré à son enfant qui, sous tous les rapports, méritait une affection et des soins extraordinaires. Tout le monde, au reste, voyait en lui un don merveilleux de la Providence, et il justifiait cette opinion. Doué d’une santé robuste, il grandissait et se développait rapidement, et la double ressemblance qui, le jour de son baptême, avait causé tant de surprise, devenait toujours plus frappante. La coupe de son visage et le caractère de ses traits, le rendaient l’image vivante du Capitaine ; mais ses yeux semblaient avoir été