Page:Goethe - Les Affinités électives, Charpentier, 1844.djvu/36

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Elle était dans cette disposition d’esprit, lorsqu’elle reçut une lettre détaillée du pensionnat, sur les progrès merveilleux de la brillante Luciane. Cette lettre était suivie d’un _post-scriptum_ d’une sous-maîtresse, et d’un billet d’un des professeurs de la maison. Nous croyons devoir insérer ici ces deux pièces.


POST-SCRIPTUM DE LA SOUS-MAITRESSE.

Pour ce qui concerne Ottilie, je ne puis que vous répéter, Madame, ce que j’ai déjà eu l’honneur de vous apprendre sur son compte. Je ne voudrais pas me plaindre d’elle, et cependant il m’est impossible de dire que j’en suis satisfaite. Elle est, comme toujours, modeste et soumise ; mais cette modestie, cette soumission ont quelque chose qui choque et déplaît. Vous lui avez envoyé de l’argent et des étoffes ; eh bien ! tout cela est encore intact. Ses vêtements lui durent un temps infini, car elle ne les change que lorsque la propreté l’exige. Sa trop grande sobriété me paraît également blâmable. Il n’y a rien de superflu sur notre table, mais j’aime à voir les enfants manger avec plaisir, et en quantité suffisante, des mets sains et nourrissants. Jamais Ottilie ne nous a donné cette satisfaction ; elle saisit au contraire les prétextes les plus spécieux pour se dispenser de recevoir sa part d’un plat ou d’un dessert. Au reste, elle a souvent mal au côté gauche de la tête. Cette incommodité, quoique passagère, revient souvent et parait la faire souffrir beaucoup, sans que l’on puisse en découvrir la cause. Voilà, Madame, ce que j’ai cru devoir vous dire, à l’égard de cette belle et bonne enfant.