Page:Goethe - Werther, 1845, trad. Leroux.djvu/147

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ensuite la merveilleuse histoire de la princesse servie par des mains enchantées. J’apprends beaucoup à cela, je t’assure, et je suis étonné de l’impression que ces récits produisent sur les enfants. S’il m’arrive d’inventer un incident, et de l’oublier quand je répète le conte, ils s’écrient aussitôt : « C’était autrement la première fois ; » si bien que je m’exerce maintenant à leur réciter chaque histoire comme un chapelet, avec les mêmes inflexions de voix, les mêmes cadences, et sans y rien changer. J’ai vu par là qu’un auteur qui, à une seconde édition, fait des changements à un ouvrage d’imagination, nuit nécessairement à son livre, l’eût-il rendu réellement meilleur. La première impression nous trouve dociles, et l’homme est fait de telle sorte qu’on peut lui persuader les choses les plus extraordinaires ; mais aussi, quand il a accepté une chose, quand il se l’est bien gravée dans la tête, malheur à celui qui voudrait l’effacer et la détruire !




18 août.

Pourquoi faut-il que ce qui fait la félicité de l’homme devienne aussi la source de son malheur ?