Page:Goethe - Werther, 1845, trad. Leroux.djvu/178

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que prise. Quand leurs propos sont sans nul fondement, ah ! l’on peut alors ne pas s’en mettre en peine,




16 mars.

Tout conspire contre moi. J’ai rencontré aujourd’hui mademoiselle de B… à la promenade. Je n’ai pu m’empêcher de lui parler, et, dès que nous nous sommes trouvés un peu écartés de la compagnie, de lui témoigner combien j’étais sensible à la conduite extraordinaire qu’elle avait tenue l’autre jour avec moi. «Werther ! m’a-t-elle dit avec chaleur, avez-vous pu, connaissant mon cœur, interpréter ainsi mon trouble ? Que n’ai-je pas souffert pour vous, depuis l’instant où j’entrai dans le salon ! Je prévis tout ; cent fois j’eus la bouche ouverte pour vous le dire. Je savais que les S… et les T… quitteraient la place plutôt que de rester dans votre société ; je savais que le comte n’oserait pas se brouiller avec eux ; et aujourd’hui quel tapage ! — Comment, mademoiselle !……» m’écriai-je et je cherchais à cacher mon trouble ; car tout ce qu’Adelin m’avait dit avant-hier me courait en ce mo-