Page:Goethe - Werther, 1845, trad. Leroux.djvu/185

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d’hui un prodige de science parce qu’il peut répéter qu’elle est ronde ? La terre… il n’en faut à l’homme que quelques mottes pour soutenir sa vie, et moins encore pour y reposer ses restes.

Je suis actuellement à la maison de plaisance du prince. Encore peut-on vivre avec cet homme-ci : il est vrai et simple ; mais il est entouré de personnages singuliers que je ne comprends pas. Ils n’ont pas l’air de fripons, et n’ont pas non plus la mine d’honnêtes gens. Ils me font des avances, et je n’ose me fier à eux. Ce qui me fâche aussi, c’est que le prince parle souvent de choses qu’il ne sait que par ouï dire ou pour les avoir lues, et toujours dans le point de vue où on les lui a présentées.

Une chose encore, c’est qu’il fait plus de cas de mon esprit et de mes talents que de ce cœur dont seulement je fais vanité, et qui est seul la source de tout, de toute force, de tout bonheur et de toute misère. Ah ! ce que je sais, tout le monde peut le savoir ; mais mon cœur n’est qu’à moi.