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Page:Gogol - Le Revizor 1922.djvu/219

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LE MARI AGîî 211

avais vécu tant d'années dans le calme... j'ai vécu, j'ai grandi et maintenant l'heure est venue de me marier... Que de soucis ne vais-je pas avoir : des enfants, des gamins, tout un petit monde batailleur... puis des filles qui grandiront, elles aussi, et qu'il faudra marier... Encore bien si elles épousent de braves garçons, mais si ce sont des ivrognes ou des êtres qui joueront tout ce qu'ils possèdent. (Les san- glots la reprennent peu à peu.) Je n'ai pas profité de mes années de jeune fille... et n'attends même pas mes vingt-sept ans pour me marier... (Changeant de ton.) Qu'a donc Ivan Kouzmitch à tant tarder?

��SCÈNE XIX

AGAPHIA TIKHONOVNA et PODKOLIOSSINE, celui-ci est vigoureusement poussé sur la scène par les deux bras de Kotchkariof.

Podkoliossine (bégayant). — Je suis venu, made- moiselle, pour vous parler au sujet d'une petite affaire... mais je désirerais savoir auparavant si elle ne vous paraîtra pas étrange?

Agaphia Tikhonovna (baissant les yeux). — De quoi s'agit-il?

Podkoliossine. — Non, mademoiselle, dites-moi tout d'abord si vous ne serez pas étonnée...

Agaphia Tikhonovna (les yeux toujours baissés). — Je ne puis savoir...

Podkoliossine. — Avouez que mes paroles vous sembleront certainement étranges.

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