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Page:Gogol - Le Revizor 1922.djvu/223

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LE MARIAGE 215

pore et devient on ne sait pas quoi soi-même... Je ne le percevais pas auparavant, je ne le comprenais pas... c'est-à-dire, simplement, j'étais un homme privé de connaissances, qui ne réfléchissait, n'approfondissait pas et vivait... comme vivent tous ses semblables.

Kotchkariof. — Je suis heureux, ravi... Allons, je vais aller voir ce qui se passe pour le dîner ; dans une seconde, je reviens. (A part.), Il est plus prudent de lui prendre son chapeau.

(Il prend le chapeau de Podkollossine et l'emporte.)

��SCÈNE XXI PODKOLIOSSINE, seul.

Podkoliossixe. — En effet, qu'ai-je été jusqu'à ce jour? Comprenais-je le sens de la vie? Non, je ne le saisissais pas, je ne comprenais rien... Quelle a été ma vie de célibataire? Qu'est-ce que je représentais? Quelle fut mon action? Je vivais, vivais... servais l'État, allais au ministère, dînais, dormais... Bref, j'étais ici-bas l'homme le plus ordinaire, le plus vide... Vraiment, je vois maintenant les imbéciles que sont ceux qui ne se marient pas... et, somme toute, si on examine le problème à fond, on remarque que la majorité des hommes vivent ainsi en aveugles... Si j'étais roi quelque part, je donnerais à tous l'ordre de se marier, à tous sans en excepter un seul... qu'il ne reste pas un seul célibataire dans mon royaume... C'est égal, quand je pense que, dans quelques minutes, je serai marié... Je goûterai cette félicité qui n'est possible que dans les contes... comment peut-on

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