Page:Gogol - Nouvelles choisies Hachette - Viardot, 1853.djvu/164

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— J’irai chez le seigneur, se dit-il enfin ; je lui conterai tout, et je lui déclarerai que je ne veux plus lire les prières. Qu’il me renvoie tout de suite à Kiew. »

S’étant dit cela, il se dirigea vers la maison seigneuriale.

Le centenier était assis dans sa chambre, à la même place, dans la même immobilité. Il portait sur son visage la même expression de tristesse désespérée. Seulement, ses joues s’étaient creusées encore ; on devinait facilement qu’il ne prenait que peu de nourriture, ou peut-être aucune. Une pâleur singulière donnait à son visage l’apparence d’une statue de pierre.

— Bonjour, dit-il en apercevant Thomas, qui s’était arrêté près de la porte, son bonnet à la main. Eh bien, comment vont tes affaires ? Tout est en ordre, n’est-ce pas ?

— Oui, en ordre ! il se passe là de telles diableries qu’il n’y a qu’à prendre son bonnet et se sauver où les pieds vous portent.

— Comment cela ?

— Mais votre fille, seigneur.... en y réfléchissant bien.... certainement elle est de noble extraction, et personne n’y peut trouver à redire. Seulement, ne vous fâchez point, et que Dieu veuille avoir son âme....

— Eh bien, quoi, ma fille ?