Page:Gogol - Nouvelles de Pétersbourg (extraits Le Portrait ; Le Nez), 1998.djvu/102

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fougueux, gris pommelé, âgé de dix-sept ans ; des graines de navet et de radis récemment reçues de Londres ; une maison de campagne et ses dépendances, soit deux boxes à chevaux et un emplacement fort commode pour y planter sapins ou bouleaux ; un lot de vieilles semelles vendues aux enchères tous les jours de huit heures du matin à trois heures de relevée.

Toute cette compagnie assemblée dans une pièce aussi exiguë en rendait l’atmosphère particulièrement lourde. Cependant le major Kovaliov ne s’en trouvait point incommodé : il tenait son mouchoir sur son visage, et d’ailleurs son nez se promenait… Dieu sait où.

« Permettez, monsieur, je suis très pressé, fit-il enfin, pris d’impatience.

– Tout de suite, tout de suite !… Deux roubles quarante-trois kopeks… Tout de suite !… Un rouble soixante-quatre kopeks, disait le grison en jetant leurs billets à la tête des concierges et des commères… Vous désirez ? reprit-il en s’adressant, cette fois, à Kovaliov.

– Je voudrais…, déclara celui-ci. Voyez-vous, je ne sais s’il s’agit d’une canaillerie ou d’une friponnerie… Je voudrais seulement faire savoir que quiconque me ramènera mon coquin recevra une honnête récompense.

– Votre nom, si vous le permettez ?

– Mon nom ? Impossible ! Vous comprenez, j’ai beaucoup de connaissances : Mme la conseillère Tchékhtariov, Mme Podtotchine, Pélagie Grigorievna, une veuve d’officier supérieur… Les voyez-vous apprenant tout à coup… Que Dieu