Page:Gogol - Tarass Boulba, Hachette, 1882.djvu/124

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dis que j’attendrais le payement de ma créance aussi longtemps qu’il le voudrait, et je promis de lui prêter encore de l’argent, s’il voulait m’aider à me faire rendre ce que me doivent d’autres chevaliers ; car, à dire vrai, le seigneur officier n’a pas un ducat dans la poche, tout comme s’il était Cosaque, quoiqu’il ait des villages, des maisons, quatre châteaux et des steppes qui s’étendent jusqu’à Chklov. Et maintenant, si les juifs de Breslav ne l’eussent pas équipé, il n’aurait pas pu aller à la guerre. C’est aussi pour cela qu’il n’a point paru à la diète.

— Qu’as-tu donc fait dans la ville ? as-tu vu les nôtres ?

— Comment donc ! il y en a beaucoup des nôtres : Itska, Rakhoum, Khaïvalkh, l’intendant…

— Qu’ils périssent tous, les chiens ! s’écria Tarass en colère. Que viens-tu me mettre sous le nez ta maudite race de juifs ? je te parle de nos Zaporogues.

— Je n’ai pas vu nos Zaporogues ; mais j’ai vu le seigneur Andry.

— Tu as vu Andry ? dit Boulba. Eh bien ! quoi ? comment ? où l’as-tu vu ? dans une fosse, dans une prison, attaché, enchaîné ?

— Qui aurait osé attacher le seigneur Andry ? c’est à présent l’un des plus grands chevaliers. Je ne l’aurais presque pas reconnu. Les brassards sont en or, la ceinture est en or, il n’y a que de l’