Page:Gogol - Tarass Boulba, Hachette, 1882.djvu/134

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les plus riches gentilshommes, habillés chacun selon son caprice. Ils ne voulaient pas se mêler à la foule des soldats, et celui d’entre eux qui n’avait pas de commandement s’avançait seul à la tête de ses gens. Puis venaient d’autres rangs, puis l’officier fluet, puis d’autres rangs encore, puis le gros colonel, et le dernier qui quitta la ville fut le colonel sec et maigre.

— Empêchez-les, empêchez-les d’aligner leurs rangs, criait le kochévoï. Que tous les kouréni attaquent à la fois. Abandonnez les autres portes. Que le kourèn de Titareff attaque par son côté et le kourèn de Diadkoff par le sien. Koukoubenko et Palivoda, tombez sur eux par derrière. Divisez-les, confondez-les.

Et les Cosaques attaquèrent de tous les côtés. Ils rompirent les rangs polonais, les mêlèrent et se mêlèrent avec eux, sans leur donner le temps de tirer un coup de mousquet. On ne faisait usage que des sabres et des lances. Dans cette mêlée générale, chacun eut l’occasion de se montrer. Démid Popovitch tua trois fantassins et culbuta deux gentilshommes à bas de leurs chevaux, en disant :

— Voilà de bons chevaux ; il y a longtemps que j’en désirais de pareils.

Et il les chassa devant lui dans la plaine, criant aux autres Cosaques de les attraper ; puis il retourna dans la mêlée, attaqua les seigneurs qu’il avait