Page:Gogol - Tarass Boulba, Hachette, 1882.djvu/176

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sabré de haut et en travers, est tombé lourdement.

— Soit ! dit Tarass, en faisant signe de son mouchoir.

Ostap comprit le geste de son père ; et, sortant de son embuscade, chargea vigoureusement la cavalerie polonaise. L’ennemi ne soutint pas la violence du choc ; et lui, le poursuivant à outrance, le rejeta sur la place où l’on avait planté des pieux et jonché la terre de tronçons de lances. Les chevaux commencèrent à broncher, à s’abattre, et les Polonais à rouler par-dessus leurs têtes. Dans ce moment, les Cosaques de Korsoun, qui se tenaient en réserve derrière les chariots, voyant l’ennemi à portée de mousquet, firent une décharge soudaine. Les Polonais, perdant la tête, se mirent en désordre, et les Cosaques reprirent courage :

— La victoire est à nous ! crièrent de tous côtés les voix zaporogues.

Les clairons sonnèrent, et on hissa le drapeau de la victoire. Les Polonais, défaits, fuyaient en tout sens.

— Non, non, la victoire n’est pas encore à nous, dit Tarass, en regardant les portes de la ville.

Il avait dit vrai.

Les portes de la ville s’étaient ouvertes, et il en sortit un régiment de hussards, la fleur des régiments