Page:Gogol - Tarass Boulba, Hachette, 1882.djvu/223

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village ; jusqu’au moment où le gouvernement polonais reconnut que ses entreprises avaient plus d’importance qu’un simple brigandage, et où ce même Potocki fut chargé, à la tête de cinq régiments, d’arrêter Tarass.

Six jours durant, les Cosaques parvinrent à échapper aux poursuites, en suivant des chemins détournés. Leurs chevaux pouvaient à peine supporter cette course incessante et sauver leurs maîtres. Mais, cette fois, Potocki se montra digne de la mission qu’il avait reçue : il poursuivit l’ennemi sans relâche, et l’atteignit sur les rives du Dniestr, où Boulba venait de faire halte dans une forteresse abandonnée et tombant en ruine.

On la voyait à la cime d’un roc qui dominait le Dniestr, avec les restes de ses glacis déchirés et de ses murailles détruites. Le sommet du roc était tout jonché de pierres, de briques, de débris, toujours prêts à se détacher et à voler dans l’abîme. Ce fut là que lhetman de la couronne Potocki cerna Boulba par les deux côtés qui donnaient accès sur la plaine. Pendant quatre jours, les Cosaques luttèrent et se défendirent à coups de briques et de pierres. Mais leurs munitions, comme leurs forces, finirent par s’épuiser, et Tarass résolut de se frayer un chemin à travers les rangs ennemis. Déjà ses Cosaques s’étaient ouvert un passage, et peut-être leurs chevaux rapides les auraient-ils sauvés encore une fois, quand