Page:Gogol Chirol - Contes et nouvelles.djvu/182

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
181
MÉMOIRES D’UN FOU

J’étais très étonné. J’avoue que depuis peu de temps je commence à entendre et à voir des choses que personne n’a encore jamais vues ni entendues. « Je vais suivre », me dis-je en moi-même, « cette petite chienne et je saurai qui elle est, et ce qu’elle pense ». J’ouvris mon parapluie, et partis derrière les deux dames. Elles passèrent dans la Gorokhovaia, tournèrent dans la Miestchanskaia, de là dans la Stoliarnaia, passèrent enfin le pont Kokouchkine et s’arrêtèrent devant une grande maison. « Je connais cette maison », me dis-je en moi-même, « c’est celle de Zverkov ». Quelle demeure ! Quel peuple n’y demeure-t-il pas ; que de cuisinières, que de forains ; et mes collègues tchinovniks, comme des chiens, sont les uns sur les autres. Mais j’ai là un ami, qui joue divinement de la trompette. Les dames montèrent au cinquième étage. « Parfait ! » pensai-je, « je ne vais pas aller plus loin ; je noterai l’endroit, et, à la première occasion, je ne manquerai pas d’en profiter ».


4 octobre.


C’était aujourd’hui mercredi ; aussi ai-je été