Page:Gogol HalperineKaminsky - Veillees de l Ukraine.djvu/116

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ouï dire ce que les maudits Allemarids ont inventé ? Bientôt, paraît-il, on ne distillera plus au bois comme tous les honnêtes chrétiens, mais avec quelque vapeur de diable…

En prononçant ces paroles, le distillateur fixait ses regards vers la table sur ses mains qu’il y avait appuyées.

— Comment fera-t-on avec la vapeur ? C’est ce que, pardieu, je ne m’explique pas !

— Quels imbéciles que ces Allemands — fit le bailli. — Il faudrait les fustiger, ces fils de chien ! A-t-on jamais eu l’idée de faire bouillir quelque chose avec la vapeur. On ne pourra plus porter une cuillerée de borstch (soupe) à sa bouche sans se brûler les lèvres comme un cochon de lait…

— Et toi, compère, interrompit la parente assise sur le poêle les jambes repliées, est-ce que tu vas vivre ici tout le temps sans ta femme ?

— Eh ! qu’en ai-je besoin ? Ce serait autre chose si elle en valait la peine.

— Elle n’est donc pas jolie ? demanda le bailli en fixant sur lui son œil unique.

— Jolie ? vieille comme le diable. Tout son