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LE COUPABLE, C’EST LE SYSTÈME

Ce système qui force les femmes à vendre leur féminité et leur indépendance au plus offrant n’est qu’une ramification du même système infernal qui permet à quelques uns de vivre sur les richesses produitent par leurs semblables, dont 99 % doivent travailler et se réduire en esclavage du matin au soir pour un salaire à peine suffisant à leur survie, cependant que les fruits de leur travail sont absorbés par une minorité de vampires désœuvrés qui vivent entourés de tout ce que le monde compte de plus luxueux .

Arrêtons nous un moment à la contemplation de ces deux images du système social en vigueur au XIXème siècle.

Regardons les maisons bourgeoises, ces endroits magnifiques dont la vente du seul ameublement pourrait subvenir aux besoins de centaines d’hommes et de femmes . Regardez les soirées et les dîners des enfants de ces bourgeois, dont un seul plat aurait suffit à nourrir des centaines d’affamés pour qui un repas d’eau et de pain est un luxe. Regardez ces fanatiques de la mode, passer leur temps à inventer de nouveaux moyens de s’amuser : sorties au théâtre, bals, concerts, yachting, courant d’une partie à l’autre du globe dans une recherche folle de gaieté et plaisirs. Et alors tournez vous un moment et regardez ceux qui produisent la richesse qui paie ces divertissement excessifs et artificiels.

L’AUTRE CÔTÉ DU MIROIR

Regardez les, entassés dans des caves sombres et humides où jamais n’arrive le moindre souffle d’air frais, vêtus de guenilles, traînant leur misère du berceau au tombeau, leurs enfants vagabondant dans les rues, nus, affamés, sans personne pour leur adresser la moindre parole d’amour ni leur offrir la moindre tendresse, grandissant dans l’ignorance et la superstition, maudissant le jour de leur naissance.

Regardez-les, ces deux images ! Vous les moralistes et les philanthropes, et dites moi qui doit être blâmé pour cela ! Ceux qui sont conduit à se prostituer, légalement ou pas, ou bien ceux qui conduisent leurs victimes à tant de désespoir ?

Le problème, ce n’est pas la prostitution, mais la société elle-même, ce système injuste porté par la propriété privée, l’État et l’Église. Ce système du vol légalisé, du meurtre et du viol de la femme innocente et de l’enfant sans espoir.

LE REMÈDE AU FLÉAU

Tant que nous ne nous serons pas débarrassés de ce monstre, nous n’arriverons pas à bout de ce qui gangrène le Sénat et les administrations, les demeures des bourgeois comme les masures des pauvres. L’humanité doit être consciente de ses forces et de ses capacités, elle doit se libérer pour commencer une nouvelle vie, meilleure et plus noble.

La prostitution ne sera jamais détruite par les méthodes du révérend Parkhurst et des autres réformateurs. Elle existera tant que le système actuel le nourrira.

La femme ne sera autonome et indépendante que lorsque ces réformateurs uniront leurs efforts avec ceux qui luttent pour abolir le système qui engendre le crime sous toutes ses formes et en construire un basé sur l’égalité totale, un système qui garantit à chaque homme, femme ou enfant le fruit de son travail et exactement les mêmes droits de profiter des cadeaux de la nature et d’avoir accès à la meilleure des éducations. Alors, sa santé ne sera plus affectée par l’esclavage et le labeur sans fin et, elle ne sera plus