Page:Goncourt - Germinie Lacerteux, 1889.djvu/131

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Le samedi, dans la matinée, en entrant chez la mère Jupillon, elle la trouva en train de pleurer de grosses larmes sur une motte de beurre qu’elle recouvrait d’un linge mouillé.

— Ah ! c’est vous, fit la mère Jupillon. Cette pauvre charbonnière !… J’en pleure, tenez ! Elle sort d’ici… C’est que vous ne savez pas… Ils ne peuvent se faire la figure propre dans leur état qu’avec du beurre… Et voilà que son amour de petite fille… Elle est à la mort, vous savez, ce chéri d’enfant… Ce que c’est que de nous ! Ah ! mon Dieu, oui… Eh bien ! elle lui a dit comme ça tout à l’heure : Maman, je veux que tu me débarbouilles au beurre, tout de suite… pour le bon Dieu… Hi ! hi !

Et la mère Jupillon se mit à sangloter.

Germinie s’était sauvée. De la journée elle ne put tenir en place. À tout moment, elle montait dans sa chambre préparer les petites affaires qu’elle voulait apporter à sa petite le lendemain, pour la mettre « blanchement, » lui faire une petite toilette de ressuscitée. Comme elle redescendait le soir pour aller coucher mademoiselle, Adèle lui remit une lettre qu’elle avait trouvée pour elle en bas.