Page:Goncourt - Germinie Lacerteux, 1889.djvu/263

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son lit. Elle avait de grandes douleurs dans le ventre, et le ventre tout enflé. Elle pria mademoiselle de s’asseoir un instant, et retira, pour lui faire place, le chandelier qui était sur la chaise, à la tête de son lit.

Mademoiselle s’assit, et resta quelques instants regardant cette misérable chambre de domestique, une de ces chambres où le médecin est obligé de poser son chapeau sur le lit, et où il y a à peine la place pour mourir ! C’était une mansarde de quelques pieds carrés sans cheminée, où la tabatière à crémaillère laissait passer l’haleine des saisons, le chaud de l’été, le froid de l’hiver. Les débarras, de vieilles malles, des sacs de nuit, un panier de bain, le petit lit de fer où Germinie avait couché sa nièce, étaient entassés sous le pan coupé du mur. Le lit, une chaise et une petite toilette boiteuse avec une cuvette cassée, faisaient tout le mobilier. Au-dessus du lit était pendu, dans un cadre peint à la façon du palissandre, un daguerréotype d’homme.

Le médecin vint dans la journée. — Ah ! de la péritonite… fit-il, quand mademoiselle lui eut appris l’état de Germinie.

Il monta voir la malade. — Je crains, dit-il en redescendant, qu’il n’y ait un abcès dans l’intestin communiquant avec un abcès dans la vessie… C’est grave… très-grave… Il faut bien lui recommander de ne faire aucun grand mouvement dans son lit, de se retourner avec précaution… Elle pourrait mourir tout à coup dans les plus affreuses dou-