Page:Goncourt - Germinie Lacerteux, 1889.djvu/76

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çait les chiens roulés en boule dans la jupe de sa robe ; et tandis que la lampe, prête à mourir, pâlissait sur le comptoir, elle restait, laissant son regard se perdre et s’éteindre doucement, avec ses idées, au fond de la boutique, sur l’arc de triomphe en coquilles d’escargot, reliées de vieille mousse, sous l’arc duquel était un petit Napoléon de cuivre.


VIII.


Mme Jupillon, qui disait avoir été mariée et signait Veuve Jupillon, avait un fils. C’était encore un enfant. Elle l’avait mis à Saint-Nicolas, dans cette grande maison d’éducation religieuse où, pour trente francs par mois, une instruction rudimentaire et un métier sont donnés aux enfants du peuple, à beaucoup d’enfants naturels. Germinie prit l’habitude d’accompagner le jeudi madame Jupillon lorsqu’elle allait voir Bibi. Cette visite devint pour elle une distraction et une attente. Elle faisait dépêcher la mère, arrivait en avance à l’omnibus, et elle était toute contente d’y monter avec un gros panier de provisions sur lequel elle croisait ses bras pendant la route.

Là-dessus, il arriva à la mère Jupillon un mal à la jambe, un anthrax qui l’empêcha de marcher