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six personnes. Là, le vieux père Maire, servait lui-même en personne, et dans de la vraie argenterie, aux gens dont il estimait le goût culinaire, servait un haricot de mouton aux morilles, un macaroni aux truffes inénarrable : le tout arrosé de plusieurs bouteilles de ces jolis petits bourgognes, venant de la cave du roi Louis-Philippe, dont il avait acheté la cave presque tout entière.

4 juin. — Aujourd’hui, vu à l’Hôtel Drouot la première vente de photographies. Tout devient noir en ce siècle, et la photographie, n’est-ce pas l’habit noir des choses ?

7 juin. — Tombé au cabinet de lecture sur un éreintement féroce ; où à propos de la publication de nos Portraits intimes et de Sophie Arnould, nous sommes traités de sergents Bertrand de la littérature.

Dîner chez Asseline avec Anna Deslions, Adèle Courtois, Juliette et sa sœur. Anna Deslions, des cheveux noirs opulents, magnifiques, des yeux de velours avec un regard qui est comme une chaude caresse, le nez un peu en chair, la bouche aux lèvres un rien entr’ouvertes, une superbe tête d’adolescent italien, éclairée de la coloration dorée de Rembrandt en ses têtes juives. Adèle Courtois, une vieille célébrité de la galanterie. Juliette une blondinette toute chiffonnée, toute frisottée, aux cheveux lui mangeant entièrement le front, une blon-