Page:Goncourt - Journal, t1, 1891.djvu/223

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poncivement tous ces types consacrés qui traînent dans les mémoires idiotes, toutes ces vieilles connaissances du préjugé populaire, tous ces personnages du drame salé de gros rires et de larmes bêtes : l’émigré hautain, le jeune républicain sentimental, platonique et honnête, la femme adultère déesse de la liberté, le portier dénonciateur dont le caractère moral est une queue de renard à son bonnet… Oh ! la belle chose de n’avoir rien dérangé dans l’instinct et l’idée préconçue du petit boutiquier, d’en avoir tiré toute sa fable, et d’avoir fait une révolution à côté de l’autre — une révolution plus typique, plus historique, et populaire à la façon d’une imagerie de canard.

Et puis des cartes. Car il faut cela, Paul de Kock et des cartes. Deux tueurs de temps et deux amis de la femme restée femme du peuple sous la soie, et qui gagne sa vie avec le plaisir.

 

Un curieux travail sur ce petit diable de Loudun que le champagne transvase dans la femme, sur cette petite bête hystérique qu’il déchaîne, qu’il lâche en elle et qui court jusqu’au bout de ses doigts, soudain frémissants et prêts à pincer, de ce rien de gaz qui met en folie sa matrice et sa cervelle, apporte un frétillement agressif à ses nerfs, un glapissement à sa voix.

 

La femme ne se suffit pas. Elle ne va pas toute seule de soi. Sa fébrilité a besoin d’être remontée,