Page:Goncourt - Journal, t1, 1891.djvu/51

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

lescent se mêle aux cheveux déroulés de la dame, et la Vénus, comme dit Tahureau :

Croisant ses beaux membres nus
Sur son Adonis qu’elle baise ;
Et lui pressant le doux flanc ;
Son cou douillettement blanc,
Mordille de trop grande aise.

Ce Diaz-là, mes amis, a bien voyagé ; mais, Dieu merci, il est revenu au bercail. J’ai vu quelqu’un qui sait tous ses voyages et qui m’a conté le dernier. Mlle ***[1] l’avait envoyé à Mlle ***[2]. Mlle *** l’a renvoyé à Mlle *** avec cette lettre :

« Ma chère camarade,

« Ce Diaz est vraiment trop peu gazé pour l’ornement de ma petite maison. J’aime le déshabillé d’un esprit charmant, je ne puis admettre cette nudité que l’Arsinoé de Molière aime tant. Ne me croyez pas prude. Mais pourquoi vous priverais-je d’un tableau que je serais obligée de cacher, moi !

« Mille remerciements quand même, et croyez-moi votre dévouée camarade.

« *** »

Et Mlle *** a repris son Diaz, ô gué ! elle a repris son Diaz, turelure ! et a répondu à Mlle *** en le raccrochant au mur déjà en deuil et tout triste :

  1. Mlle Nathalie.
  2. Mlle Rachel.