Page:Goncourt - Journal, t2, 1891.djvu/174

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français, — il y a une histoire que vous écrirez, l’histoire des femmes de chambre… Je ne vous parle pas de Mme de Maintenon, mais vous avez Mlle de Launai… Et vous avez encore la Julie de la duchesse de Gramont, qui a eu une si grande influence sur elle… dans l’affaire de Corse, surtout. Mme du Deffand dit quelque part, qu’il n’y a que deux personnes qui lui soient attachées : d’Alembert et sa femme de chambre… Oh ! c’est une chose curieuse et importante que la part de la domesticité dans l’histoire… Les domestiques mâles ont eu moins de pesée sur elle…

Un moment, il parle de Louis XV et des temps modernes. Louis XV, un homme d’esprit, mais un néant, un néant… Les grandes choses de ce temps-ci saisissent moins, elles échappent… On ne voit pas l’isthme de Suez, on ne voit pas le percement des Alpes… Un chemin de fer, on n’aperçoit qu’une locomotive qui passe, un peu de fumée… et ce chemin de cent lieues ?… Oui, les choses de ce temps, on n’en voit pas la longueur ! »

Un moment de rêverie, au bout de laquelle Michelet reprend : « Je traversais un jour l’Angleterre dans sa partie la plus large, de York à … J’étais à Halifax… Il y avait des trottoirs dans la campagne, une herbe aussi bien tenue que le trottoir, et le long, des moutons qui paissaient… tout cela éclairé au gaz. Oh ! une chose bien singulière ! »

Là, un silence, et la causerie repart :

« Avez-vous remarqué qu’aujourd’hui, les hommes célèbres n’ont pas la signification de leur physiono-