Page:Goncourt - Journal, t3, 1888.djvu/138

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une affiche de pédicure se voit une apparition de la Vierge. Ce midi de notre France : de l’Italie ratée.

Dimanche 19 mai. — L’Italie finit par donner la nostalgie du ciel gris. La pluie en revenant semble une patrie… Paris encore une fois.

Vendredi 24 mai. — Théophile Gautier, qui est dans ce moment maestro di casa, nous présente à la Païva, en son légendaire hôtel des Champs-Élysées. Une vieille courtisane peinte et plâtrée, l’aspect d’une actrice de province, avec un sourire et des cheveux faux.

On prend le thé dans la salle à manger, qui, en dépit de tout son luxe et de la surcharge de son mauvais goût renaissance, en dépit des sommes ridicules qu’ont coûté ses marbres, ses boiseries, ses peintures, ses émaux, et la ciselure de ces candélabres d’argent massif venant des mines du Prussien entreteneur se trouvant là, n’est au fond qu’un riche cabinet de restaurant, un salon des Provençaux pour millionnaires.

Là-dedans, une conversation de gens gênés comme dans du faux monde et qui se traîne. Gautier, malgré son imperturbabilité, ne trouve pas dans cette maison son équilibre. Turgan, que nous voyons là, pour la première fois, cherche laborieusement des effets. Saint-Victor froisse et pétrit son chapeau pour trouver