Page:Goncourt - Journal, t3, 1888.djvu/183

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maisons dans la montagne, l’une un peu au-dessus de l’autre. Il l’avait vu le matin même, et Berlioz lui racontait avoir été amoureux à douze ans, dans le pays, d’une jeune fille de vingt ans. Depuis, il avait passé par bien des amours, romanesques, farouches, dramatiques, avec toujours cependant, au fond de lui, la sourde mémoire de ce premier amour, auquel il était passionnément revenu, en retrouvant à Lyon sa jeune fille, âgée de 74 ans. Et maintenant lui écrivant, et ne lui parlant que des souvenirs de son cœur de douze ans, il ne vivait plus que de cette flamme passée !

— Le beau Louis XVI, est le beau Louis XV, le Louis XV de 1760, le Louis XV contemporain du Garde-Meuble, et personne ne l’a vu. Le vrai Louis XVI est déjà de l’Empire, il n’y a qu’à voir l’horrible coffret à bijoux de Marie-Antoinette.

— Il y a des hommes, il y a la femme.

21 octobre. — Aux buffets anglais de l’Exposition.

Les femmes tirent un aspect fantastique de leur éclat, de leur blancheur crue, de leurs cheveux fulgurants, un aspect qui leur donne l’apparence de prostituées de l’Apocalypse ; elles ont quelque chose d’inhumain, d’alarmant, d’effrayant. Des yeux qui