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— L’Empereur, un excellent somnambule, s’il était lucide.

18 mai. — Dîner Magny.

Le causeur à idées de Magny est en ce moment le docteur Robin, dont la parole est pleine d’aperçus neufs, de découvertes, de trouvailles, allant des plus hautes aux plus petites questions de la médecine. Ce soir, après avoir parlé du cerveau, il a parlé du mollet, l’appelant un pur produit de la civilisation, et faisant remarquer qu’il manque au sauvage comme au facteur rural, par cela que la réparation, — nourriture et sommeil, — n’est pas égale chez eux à la déperdition des forces.

Quel dommage, quelle perte qu’une pareille intelligence d’observateur et de physiologiste, n’écrive pas un livre dont il nous donnait, ce soir, un si curieux morceau sur les effets moraux des maladies de poitrine : un livre dont la première ligne n’a pas été encore écrite, un livre qui serait une clinique médico-littéraire de ces maladies de foie, de cœur, des poumons, si liées et si attenantes aux sentiments et aux idées du malade, et présenterait toutes les révolutions de l’âme dans la souffrance du corps !

20 mai. — Ce soir chez la princesse, nous avons entendu pour la première fois de l’esprit de Dumas fils. Une verve grosse mais qui va toujours, des ri-