Page:Goncourt - Journal, t3, 1888.djvu/247

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8 octobre. — Nous attendions l’omnibus au Point-du-Jour, contre le terrain de Gavarni, au-dessous de l’écriteau portant : Sept mille mètres de terrain à vendre.

La porte de la grille était entr’ouverte. Nous entrons, nous nous promenons sous le quinconce de marronniers sous lequel nous nous sommes promenés si souvent ensemble avec l’ancien propriétaire, quand un homme vient à nous, nous tendant la main, un revenant, un spectre, lui, Gavarni ! Il a son air, son costume rustique, sa barbe inculte, son teint sanguin, ses yeux saillants. Il a un chapeau de paille comme lui, et peut-être le sien qu’il aura retrouvé dans le jardin — qu’il vend, lopin par lopin, pour le fils de Gavarni.

L’homme qui nous a donné cette vision d’outre-tombe, est un pauvre diable, ancien graveur sur bois, échoué là, par la misère.

— Toute femme est, de nature, secrète et ténébreuse.

— L’homme ne possède vraiment que dans l’état sauvage. Partout, où il y a civilisation, gouvernement, administration, impôts, mitoyenneté, expropriation, l’homme n’est plus le plein maître de sa propriété.

— L’idéal du roman : c’est de donner avec l’art, la