Page:Goncourt - Journal, t3, 1888.djvu/278

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
 Les corrections sont expliquées en page de discussion

de philosophe agreste et crapuleux, sorte de Thomas Vireloque, laissé en sentinelle là, par l’œuvre de Gavarni, faisant sa compagnie de deux terriers féroces dont il appelle l’un : le Comique, et encore d’un duc remisant, le jour, dans le trou noir de la Glacière, frissonne, sous le plâtre tout écaillé, la Frileuse de Houdon.

Et rondissant le dos au soleil, tout en gouaillant et en lâchant des blagues amères, le bohème nous mène au cimetière d’Auteuil, où l’on vient de poser la pierre de granit de Gavarni. Une simple pierre portant son nom et deux dates, sa naissance et sa mort.

Nous ne nous savions pas si voisins de lui dans la séparation éternelle !

— Personne n’a encore caractérisé notre talent de romanciers. Il se compose du mélange bizarre et presque unique qui fait de nous à la fois des physiologistes et des poètes.

Lundi 16 février. — Maria nous entretenait d’une particularité de la peau de son pays, de la peau de la femme de Brie, cette peau de blonde de Paris, devenant sous le soleil et le hâle des champs, plus noire, plus tannée que la peau paysanne du plus extrême Midi. Elle nous parlait de l’extrême délicatesse de la sienne, qui est en effet fine comme un papier de soie, et qui laisse apercevoir, sous un microscope,