Page:Goncourt - Journal, t3, 1888.djvu/40

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tres !… Taine, avec son coucher à 9 heures et son lever à 7, son travail jusqu’à midi, son dîner d’heure provinciale, ses visites, ses courses aux bibliothèques, sa soirée après son souper, entre sa mère et son piano ; — Flaubert, comme enchaîné dans un bagne de travail ; — nous, dans nos incubations cloîtrées sans nulle distraction ou dérangement de monde et de famille, sauf un dîner de quinzaine chez la princesse et quelques courses d’aliénés de la curiosité sur les quais.

— Quelle ligue de toutes les médiocrités, de toutes les impuissances pour faire un Ponsard contre un Hugo.

— Y a-t-il eu des envies qui ont dû couver contre nous, pour éclater ainsi ? Et pourquoi nous envie-t-on ? Il n’y a au fond que deux choses à envier en nous, deux choses dont nos envieux se passent parfaitement : notre affection et notre honorabilité.

— Le jour s’éteint. Un certain bleuissement blanchâtre, pareil à une pâleur de lune, commence à glisser sur les dalles du quai. Une lumière n’ayant plus de soleil et n’étant plus que du jour mort, laisse paraître, dans des tons froids et dépouillés, la tristesse et la platitude des maisons sales, des façades